Suis-je vraiment accro au sucre ? Le regard d’une nutritionniste
Vous vous surprenez à dévorer des biscuits dès que vous ouvrez le placard ? À avoir une fringale irrésistible quand vous passez devant un comptoir de pâtisseries ? Si vous vous demandez « Suis-je accro au sucre ? », vous n’êtes pas seul∙e. Dans un monde où le sucre est omniprésent, il peut être difficile de distinguer une simple habitude de grignotage d’un véritable besoin compulsif. En tant que nutritionniste, je vous propose une plongée scientifique dans cette question : qu’en disent les études ? Peut-on parler de « dépendance au sucre » ? Et surtout, comment reprendre le contrôle, pour une perte de poids saine et durable et une relation équilibrée avec la nourriture.
1. Sucre et cerveau : mythe ou réalité ?
🧠 Que montrent les recherches ?
Une revue publiée dans le European Journal of Nutrition (2016) conclut que, si le sucre active des circuits similaires, les preuves en faveur d’une vraie « addiction au sucre » chez l’humain restent limitées.
Dans une grande étude de 1 495 étudiants, seulement 5 % des cas de « food addiction » étaient clairement associés aux aliments riches en sucre seul — beaucoup étaient plutôt liés à des aliments sucrés ET riches en gras.
Certains chercheurs plaidant pour la prudence rappellent que le “goût sucré” pourrait être le moteur principal des envies, davantage que le sucre comme molécule addictive.
2. D’où viennent ces envies ? Les déclencheurs fréquents
Comprendre pourquoi on “craque” est essentiel pour agir :
Habituation et conditionnement : nos habitudes alimentaires (snack devant l’écran, pause-café sucrée) créent des associations puissantes.
Émotions : stress, tristesse, ennui — le sucre devient une compensation rapide car il active le circuit de la récompense.
Privation : réduire trop drastiquement le sucre peut déclencher des envies plus fortes, surtout si on ignore ses racines émotionnelles.
Rythme de vie : fatigue, manque de sommeil et fluctuations hormonales (chez les femmes notamment) peuvent amplifier les envies sucrées.
3. Les risques d’une consommation excessive de sucre
Même si “addiction” n’est pas systématiquement diagnostiquée, un apport trop élevé en sucres ajoutés comporte des dangers reconnus :
Gain de poids, prise de masse grasse et risques liés à l’obésité.
Déséquilibres métaboliques : résistance à l’insuline, risque accru de diabète de type 2.
Inflammation chronique, qui peut nuire à la récupération sportive et à la santé globale.
4. Et si l’accro au sucre n’était pas une dépendance… mais une habitude ?
Beaucoup d’experts préfèrent parler d’accoutumance, plutôt que d’addiction au sucre :
L’accoutumance signifie qu’on a pris l’habitude, souvent renforcée par des déclencheurs externes, mais sans nécessairement développer un syndrome de sevrage sévère comme avec une drogue.
On peut “rééduquer” ses habitudes alimentaires, surtout à travers des stratégies progressives, sans recourir à l’abstinence totale (sauf situation particulière).
Le changement durable passe par la régularité, la conscience (mindful eating), et la construction d’un nouveau rapport au sucré.
5. Comment reprendre le contrôle : 6 stratégies concrètes
Voici des pistes pratiques, basées sur la science, pour mieux gérer vos envies de sucre :
Reconnaître les déclencheurs : notez dans quel contexte les envies apparaissent (stress, fatigue, émotion) pour mieux les anticiper.
Réduire progressivement : diminuez le sucre ajouté petit à petit, au lieu de supprimer tout d’un coup.
Faire le plein de fibres et protéines : des repas rassasiants (légumes, légumineuses, protéines maigres) stabilisent l’énergie et diminuent les fringales.
Hydratation & sommeil : souvent, la soif ou la fatigue se déguisent en envies de sucré.
Manger en pleine conscience : prendre le temps de savourer, reconnaître la satiété, identifier le vrai “plaisir sucré” vs celui qui compense une émotion.
Occuper l’esprit autrement : remplacer certaines habitudes sucrées par des moments plaisir non alimentaires (balade, lecture, musique) pour casser l’association.
Alors, êtes-vous accro au sucre ? Peut-être. Mais ce que disent les études, c’est que la plupart des “accros” ne sont pas dans une dépendance chimique comparable aux drogues dures ; ils sont souvent dans une habitude puissante, renforcée par des schémas émotionnels et environnementaux. La bonne nouvelle ? Cela se change, jour après jour, avec des stratégies efficaces et durables.
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Références:
Avena, N. M., Rada, P., & Hoebel, B. G. (2007). Evidence for sugar addiction : Behavioral and neurochemical effects of intermittent, excessive sugar intake. Neuroscience & Biobehavioral Reviews, 32(1), 20‑39. https://doi.org/10.1016/j.neubiorev.2007.04.019
DiNicolantonio, J. J., O’Keefe, J. H., & Wilson, W. L. (2017). Sugar addiction : is it real ? A narrative review. British Journal Of Sports Medicine, 52(14), 910‑913. https://doi.org/10.1136/bjsports-2017-097971
Westwater ML, Fletcher PC, Ziauddeen H. Sugar addiction: the state of the science. Eur J Nutr. 2016 Nov;55(Suppl 2):55-69. doi: 10.1007/s00394-016-1229-6. Epub 2016 Jul 2. PMID: 27372453; PMCID: PMC5174153.
Markus, C. R., Rogers, P. J., Brouns, F., & Schepers, R. (2017). Eating dependence and weight gain ; no human evidence for a ‘sugar-addiction’ model of overweight. Appetite, 114, 64‑72. https://doi.org/10.1016/j.appet.2017.03.024
